Kohl

Kohl n'est pas seulement le nom d'un ancien chancelier allemand, mais aussi la traduction de chou. Du chou comme dans la choucroute, du chou rouge si on écrit Rot devant, de Bruxelles avec le préfixe Rosen... Et un élément assez fréquent dans la cuisine locale, aussi cliché que cela semble. Chez nous, le chou était jusqu'à peu moins présent, absent pour ne rien vous cacher, mais Dômeu a récemment décidé d'acheter autre chose que des carottes, des poireaux et des oignons et de nous rapporter un chou.

Le dit chou était très mignon, mais nous ne savions même pas quoi en faire, et avions presque peur qu'un petit garçon tout nu en sorte en braillant si nous le laissions dans un coin. 

Heureusement, Blanche Caramel est venue à notre rescousse.

Blanche, ce n'est pas la dame en robe rouge dans le champ de choux. C'est l'auteure de ce bouquin de cuisine qui appartenait à la grand-mère maternelle de Dômeu, et dont il a hérité. Depuis que l'ouvrage a été rénové, nous osons le consulter.

Voici ce que Madame Caramel - dites-moi que c'est un pseudo, d'ailleurs moi je vais me surnommer Madame Salidou - explique à propos du chou, dont j'ai aussi appris qu'il faut retirer les côtes blanches. J'étais assez perplexe concernant la double cuisson pour estomacs délicats car je me disais qu'au bout d'un moment, le chou n'aurait plus de goût du tout ! J'ai décidé qu'en guise de seconde cuisson, le chou irait faire plus ample connaissance avec d'autres légumes dans une poêle. 

Y'avait de toutes façons besoin d'autres légumes pour faire un plat du chou, étant donné que Dôme n'interprète pas correctement l'expression "plein de légumes" sur une liste de courses, de peur que je l'étouffe à la purée de légumes. Avec un peu plus de chou, nous aurions pu envisager deux recettes du livre de la Dame Caramel.

Une recette qui pourrait être allemande puisqu'à la cantine de Dômeu on propose régulièrement du chou farci à la viande. Cependant je ne bouffe plus de viande...

Et comme nous sommes d'autre part pétés de thunes, en fait, ça ne nous dit rien de manger du chou farci à la patate et au riz et aux épinards. Berk. Cela dit j'ai bien rigolé en lisant le titre de la recette, tout sauf aguicheur.

Après avoir refermé le grimoire, je me suis mise au travail et ai admiré le chou ramollir dans de l'eau bouillante. Je n'étais je l'espère pas trop vieille pour avoir cuit pour la première fois du chou.

Une fois que le chou était vraiment raplapla (dingue, ça prend pas de t !), je l'ai coupé en morceaux pour le mettre avec une poêlée de poivrons d'un bocal, champignons frais bien relous à éplucher merci Dômeu pour cet achat empoisonné, et de poireaux.

J'ai ensuite rajouté des féculents intéressants du magasin bio avec le volume d'eau dans lequel ils pouvaient gonfler. Pour moi des féculents intéressants sont tous ceux qui ne sont pas dans la liste riz, pâtes, patates. Ici ça devait être du blé ou du seigle, rien de très original, mais souvenez-vous qu'à l'âge de 26 ans j'ai cuit du chou pour la première fois, hein.

Comme le rouge et le vert m'ont inspiré, j'ai rajouté une poignée de pistaches, hors de prix et sans doute pas locales, au mélange.

A la fin, hop hop hop, j'ai réparti ce joli repas dans des bocaux, de manière absolument pas maniaque de l'équité. Je veux dire, faudrait être tarée pour compter les grandes cuillères versées dans des pots. Dômeu a pitié, mais il était content de l'usage de l'adorable petit chou dont nous n'avons, c'est vrai, pas trop senti le goût.

Je ne suis pas sûre de le regretter. Quelques semaines auparavant, Dômeu l'intrépide nous avait rapporté du jus de choucroute "pour goûter". Cela avait le goût de son nom, alors après avoir goûté trois gouttes de l'étrange breuvage je l'avais utilisé pour cuire des légumes et ainsi faire disparaître la chose sans la gaspiller non plus. Je me demande ce que Dômeu nous rapportera du marché ou du supermarché la prochaine fois. Des chips aux choux de Bruxelles ? De la glace au brocoli ?